lundi 14 janvier 2013

Une petite réflexion sur le ministère pétrinien à partir de Mt 16, 13-19



13 Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question: « Au dire des gens, qu'est le Fils de l'homme ? »14 Ils dirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, Jérémie ou quelqu'un des prophètes » 15 « Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? » 16 Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » 17 En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. 18 Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle. 19 Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » (Traduction BJ)


Il n’y a que peu d’exemples de re-nomination dans la Bible : Abram est appelé Abraham en Gn 17, 5, Jacob est renommé Israël en Gn 32, 29. Pour ces deux figures, le changement de nom a été signe d’un changement radical de vie, d’une mission particulière, d’une promesse de Dieu envers son peuple. Comme Abram ou Jacob, Simon reçoit un nom nouveau, non pas un surnom qui décrirait un aspect physique ou de caractère (comme l’est le surnom de boanergès appliqué aux fils de Zébédée[1]), mais un nom qui a un sens théologique. Le témoignage paulinien (cf. Ga 1 et 2) est clair : c’est bien sous ce nom que Simon est connu plus de quinze ans après.

             La pierre de fondation


Jésus confie donc solennellement une mission particulière à Simon : dans cette région caractérisée par ses barrières rocheuses[2], où de grands temples ont été bâtis, Il désigne son disciple comme pierre angulaire, montrant un sens certain de l’à-propos pédagogique. Cette analogie est un classique de la littérature hébraïque (cf. Is 51,1-2 parlant d’Abraham). Jésus use d’un jeu de mot impossible en grec (à cause du genre), mais possible en langue sémitique comme en français : Roc, tu es roc…

Pierre, par sa parole de foi est devenu la référence pour une assemblée de croyants bien particulière : « mon Église ». Ce n’est plus la Qanât hébraïque à laquelle fait référence Jésus, mais une communauté nouvelle qui s’identifiera par son adhésion à la parole de Simon bar Jonas, cette parole révélée par le Père des Cieux. C’est l’adhésion au “Christ que confesse Pierre” qui fera l’unité de cette communauté. Poursuivant l’analogie avec la construction, Jésus garantit la solidité de l’édifice, même face au « portes de l’enfer », qui ne pourront prévaloir sur lui.

               L’intendant, le vicaire du Christ


            Changeant de comparaison, Jésus attribue à Pierre le pouvoir des clefs, celui d’un ministre plénipotentiaire, tel qu’il a pu être décrit en Is 22, 20-22[3]. Mais le royaume confié à Pierre n’est pas le royaume de Juda ou même d’Israël unifié : c’est le « Royaume des cieux » qui lui est confié, l’objet même de la prédication de Jean-Baptiste et de Jésus. C’est un futur qui est employé par Jésus pour confier ce pouvoir des clefs ; cela peut avoir deux sens : soit Pierre entrera en charge dès après le départ du Christ, soit ce sera plus tard, après le départ de Pierre lui-même (ce que montre l’iconographie chrétienne qui représente Pierre comme portier du ciel).

Toutefois, la distinction faite entre la terre, où le pouvoir de Pierre s’applique directement, et le ciel, où les décisions de Pierre sont confirmées a posteriori, oriente vers la première hypothèse.



Pierre est bien gardien des clefs dès cette terre.


[1] Mc 3, 17.
[2] La région de Banyas, au pied du mont Hermon.
[3] 20 « Et ce jour-là, je ferai appel à mon serviteur, Elyaqim, fils de Hilqiyahou, 21 je le revêtirai de ta tunique, j'assurerai son maintien avec ta ceinture, je remettrai ton pouvoir entre ses mains. Il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. 22 Je mettrai la clé de la maison de David sur son épaule, il ouvrira et nul ne fermera, il fermera et nul n'ouvrira ».
 

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