jeudi 28 février 2013

Seigneur, que veux-Tu de moi ?

« Je n'abandonne pas la croix, mais je reste d'une façon nouvelle près du Seigneur Crucifié. Je n'assume plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l'Église, mais je demeure dans le service de la prière. Saint Benoît dont je porte le nom comme pape, me sera un grand exemple »

L’actualité de ces derniers jours, avec la « bombe » que nous a lâchée notre pape Benoit doit nous porter à réfléchir… car, comme êtres humains, nous sommes normalement fait pour réfléchir et celui qui, volontairement, ne réfléchit pas, est comme en démission de l’espèce humaine. 

Une déception ?

Pour beaucoup d’entre nous, – qui gardons bien souvent une vision bien humaine de l’Église, la considérant d’abord et avant tout comme une institution géniale, comme une sorte de grande multinationale –, c’est initialement un réflexe de déception[1] qui nous est venu lorsque le pape Benoît XVI a annoncé qu’il renonçait au ministère pétrinien. La réaction immédiate du cardinal Dziwisz, qui s’exclame spontanément : « on ne descend pas de la croix », est symptomatique de nos réactions[2]

Une décision

Mais, lors de son annonce, notre pape avait immédiatement précisé que ce n’était pas un coup de tête : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises ». C’est devant le Seigneur que cette décision fut prise… Et c’est lors de l’audience du 27 février[3] que le pape revient sur les racines de cette décision.  

Alors que l’âge et l’épuisement se font de plus en plus sentir, au point que la charge devient insupportable, non pas d’un point de vue subjectif, mais d’un point de vue objectif (la mission ne peut plus être remplie, la charge ne peut plus être portée)[4], la question que pose Benoît XVI au Christ est celle de Pierre : « que veux-tu de moi ? », celle qu’il avait déjà posé un certain 19 avril 2005. Aujourd’hui, ce n’est pas une question théorique, ce n’est pas non plus une demande de congé, ou de vacances, c’est l’ouverture à la mission que donne le Christ et lui-seul. À Jean-Paul II, le Christ a demandé un témoignage bien spécifique, à Benoît XVI, c’est un autre témoignage qui est demandé. 

Un témoignage

Benoît XVI précise que lorsque l’on devient pape, il n’y a plus de ‘vie privée’, car tout est donné, à Dieu et à l’Église (à nous donc). En renonçant à cette charge, le pape ne reprend pas ce qu’il a donné, mais les modalités d’exercice changent. Lui, il a foi en la puissance de la prière, il a foi en la « communion des saints »[5]. C’est, à la suite de Saint Benoît, dans la prière et une vie retirée, que le pape va suivre le Christ.
Il y a quelques années, mon évêque avait écrit une lettre pastorale intitulée : « suivre Jésus de près ». C’est bien ce programme que Benoît XVI veut suivre aujourd’hui, au service de l’Église.

Un exemple

Il y a une valeur exemplaire à l’acte de Benoît XVI, qui réside dans l’écoute de la volonté de Dieu : n’aurait-il pas été plus simple pour ce vieux monsieur que de rester sur le trône ? On lui aurait prévu un emploi du temps allégé, le gouvernement effectif aurait été laissé au cardinal-secrétaire d’état… et cela se serait bien passé. Mais non, ce n’est pas le chemin facile qui se présente au pape, ce n’est pas le chemin facile qui s’ouvre devant nous si nous voulons suivre le Christ.

Ainsi comme notre pape Benoît, posons-nous la vraie question : « Seigneur, que voulez-vous de moi ? », quelle est la croix qui se présente à moi et qui me permettra de vous suivre aujourd’hui ? quelle est votre volonté, pour la « louange et la gloire de votre nom, ainsi que pour mon bien et celui de toute votre Église sainte »[6] ?



[1] Déception d’autant plus forte, que vraiment on l’aime, notre pape.
[2] Depuis, le cardinal est passé de la réaction affective à l’acceptation raisonnée.
[3] Un texte magnifique à lire ici

[4] Cf. la declaratio du 11 février 2013 : 
[5] Nous qui récitons le credo chaque dimanche, avons-nous réalisé que cette communion des saints implique cette solidarité entre nous face à Dieu et donc cette force de la prière ? cf. CEC 953
[6] L’orate fratres, qui est traduit par « pour la gloire de Dieu et le Salut du monde » dans les missels français.

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